mercredi 30 avril 2014

Rencontre avec Lee Brazil

Voici, à l'occasion de la sortie du deuxième livre en français de Lee Brazil, une interview que j'avais faite le 6 août 2013.



Le matin, tu es thé ou café ?

*regarde sa tasse et hausse les sourcils* Je suis définitivement café le matin et la plupart de l’après-midi ! Je ne crois pas que je pourrais fonctionner sans ça.

 

Quel genre de livres écris-tu ?

J’écris des romances gay, principalement contemporaines, bien que j’ai écrit plusieurs histoires se déroulant sous la Régence et une ou deux paranormales. J’ai parfois besoin de me diversifier. *sirote son café*

 

Pourquoi as-tu choisit ce genre ?

J’ai choisi d’écrire ce genre parce que j’adore le lire. J’éprouve un certain plaisir à réaffirmer que l’amour est pour tout le monde en écrivant des histoires avec des personnages du même sexe qui ont toutes des fins heureuses. En plus, c’est sexy. *sourit*

 

Lorsque tu écris, tu es plutôt ordinateur ou papier ?

Ordinateur. J’aimerais être capable d’écrire plus sur du papier, mais mes mains ont des crampes et mon écriture devient illisible… tellement que je ne peux même pas la déchiffrer, ce qui rend les choses difficiles (Tu vois, j’allais dire « dures », mais je suis tellement habitué à ce que la bande de la Story Orgy saute sur ce genre de mots au sous-entendu sexuel, que je me suis retenu.)

 

Es-tu plus motivé d’écrire lorsque le soleil brille ou lorsque le temps est maussade ?

Je suis plus motivé quand le soleil est là. Le soleil est une grande source d’inspiration pour moi et ce depuis mon enfance. J’adore sa nature endurante.

 

Où trouves-tu ton inspiration ?

Partout. Il y a tellement de choses inspirantes autour de nous, tant de beauté dans la nature humaine qui peut susciter une idée. Je trouve les beaux hommes inspirants, tout comme la nature et la musique.

 

Quand tu commences un livre, est-ce que toute la trame est déjà dans ta tête ou est-ce qu’elle se construit progressivement ?

Quelquefois, tout est dans ma tête. La plupart du temps, ce n’est pas le cas. Et même quand je l’ai ? Les personnages se rebellent et font de toute façon ce qu’ils veulent. Mais tout me convient du moment que ça fini bien.

 

Comment te sens-tu avant la publication d’un de tes livres ? Effrayé, heureux ? Et après ?

Plus nerveux qu’effrayé. Je me demande toujours si j’aurais dû faire quelque chose différemment. Il y a un moment où tu veux le reprendre et tout vérifier encore une fois, tu vois ? Après ? Eh bien, la nervosité dure d’habitude quelques jours, puis vient le soulagement, l’euphorie, et enfin la nervosité du « oh mon Dieu » alors que j’attends de lire les critiques.

 

Entre ton premier livre et le dernier, sens-tu une différence ? Écris-tu différemment ?

Je pense. J’écris en étant plus sensible aux lignes directrices de l’édition, je crois. Mais les histoires ? Je pense qu’elles sont restées fidèles à ma voix.

 

On dit que les auteurs se projettent dans la peau et la tête de leur héros, est-ce le cas pour toi ?

Jusqu’à un certain point. Je pense qu’on ne peut pas s’empêcher de mettre un peu de nous dans nos personnages. Pour ce qui est du contraire… Je n’en suis pas sûr.

 

Tu te définis plutôt comme un rat de bibliothèque, un rat des villes ou un rat des champs ?

Oh, je suis un rat de bibliothèque. Absolument. J’ai un millier de livres et si jamais une pièce supplémentaire, j’en aurais des milliers de plus. Mon compagnon m’a acheté mon premier Kindle pour que je puisse gagner un peu d’espace.

 

Molière as dit : « L'écriture ressemble à la prostitution. Au début, on écrit pour l'amour de la chose. Puis, pour quelques amis. Et, à la fin, pour de l'argent. » Qu’en penses-tu ?

Hum… si la plupart d’entre nous écrivent pour l’argent, nous allons être malheureusement très déçus parce que peu d’écrivain gagnent assez pour vivre.

 

Tes livres ont-ils déjà été traduits ? (oui, c’était bien avant que je commence à traduire ses œuvres !)

Non, pas encore. Mais j’ai bon espoir

 

Fais-tu attention aux critiques littéraires ?

Les critiques littéraires ? Je fais attention aux critiques étayées, aux commentaires spécifiques qui peuvent m’aider à améliorer mon art. Je ne fais pas attention aux esprits sarcastiques et méchants ou aux vagues critiques qui ne peuvent en aucun cas m’aider. Crois-moi, c’est là que réside la folie.

 

Les journées ont 25 heures. Tu passes cette heure supplémentaire dans le jardin ou dans la cuisine ?

Oh… Je crois que je partagerais – un jour dans le jardin, suivi par un autre dans la cuisine.

 

Quel est le livre que tu amènerais sur une île déserte ?

À L’Est d’Eden de John Steinbeck. C’est mon livre préféré.

 

Le soir, éteins-tu la lumière tout de suite ou prends-tu le temps de lire ?

Oh, je lis, je ne pourrais pas m’endormir sans ça.
 
 


 
Extrait de Parce que Tu es Toi
 
 
 

Furieux, Devyn se dirigea d'un pas décidé vers l'appartement de Kayla. C'était son week-end d'avoir Kail. Devyn était coincé avec ce stupide droit de visite, ayant hérité des mercredis soirs, d'un week-end sur deux, et des vacances en alternance. Il aurait dû avoir la garde complète, mais le juge avait décrété qu'un garçon de huit mois avait plus besoin de sa mère que de son père. Conneries. Kail avait besoin de lui autant qu'il avait besoin de Kail.
2C. Il n'était jamais venu ici auparavant, mais Kayla pouvait certainement se permettre mieux que ça vu le montant de la pension alimentaire qu'il avait été condamné à verser, non ?
Il frappa poliment à la porte d'un coup sec. Un bruit venant de l'intérieur lui parvint à travers une fenêtre entrouverte. Il ne lui fallut qu'un moment pour reconnaître le son comme étant les cris pathétiques d'un bébé. Il martela la porte sale avec ses poings.
— Kayla ! C'est Devyn. Je suis venu prendre Kail pour le week-end.
Il n'obtint aucune réponse à part les cris continus. Il n'était pas censé être ici. Kayla avait prétendu qu'il l'avait menacée et avait demandé au juge une ordonnance de restriction. Le juge l'avait regardé de haut en bas, remarquant les piercings et les tatouages, et l'ordonnance avait été accordée. Son avocat coûteux et son père à ses côtés dans son costume Armani n'avaient rien changé. Il ressemblait à un voyou, il était donc un voyou.
Mais Kayla était censée lui amener Kail dans un lieu public. Il avait attendu au McDonald pendant plus d'une heure après celle à laquelle elle était supposée arriver. Lorsqu'il n’avait pas réussi à la joindre sur son téléphone portable, il avait cédé à la colère et était venu ici. Elle pouvait lui réclamer autant d'argent qu'elle voulait, mais elle ne pouvait pas éloigner son fils de lui.
Il entendait les cris de détresse de Kail de l'intérieur de l'appartement, mais à part ça, il n'y avait aucun signe que quelqu'un était à la maison. C'était son week-end avec Kail, et Kayla était complètement folle si elle pensait qu'elle allait s'en sortir sans le lui amener à l'endroit de rencontre. Et tant pis pour l'ordonnance de restriction.
Une douleur lui traversa le corps alors que les cris de son fils redoublaient de l'autre côté de la porte. Il regarda autour de lui frénétiquement. Soit Kayla était devenue beaucoup plus tolérante que dans ses souvenirs, soit elle n'était pas là. Et si elle était là, elle était évanouie. Il devait atteindre Kail. Le concierge avait mis la pancarte 'sorti pour déjeuner' sur sa porte ; donc aucune aide à attendre de ce côté. Personne ne semblait se soucier du bruit qu'il faisait ou des cris de son fils.
Devyn se pencha pour regarder par la fenêtre, espérant apercevoir Kayla ou Kail. Il ne vit pas Kayla, mais repéra tout de suite Kail. Le petit garçon se tenait aux barreaux de son parc, criant et pleurant, le visage rouge sous l'effort. Des larmes avaient gravé des sillons brillants sur son visage et il était nu, si ce n’était pour une couche qui avait l'air bien remplie.
Prêt à tout pour rejoindre Kail, il tira de sa poche le couteau suisse de l'armée que son père lui avait offert pour son quatorzième anniversaire. La fenêtre à gauche de la porte était un petit peu relevée. S'agenouillant, il se servit de la lame tranchante du couteau pour couper la moustiquaire avant de l'arracher pour soulever la fenêtre, tout en parlant aussi doucement qu'il le pouvait à Kail.
— Papa arrive, fiston. Ne pleure pas. Papa est là.